Récit : de la sorcière verte au pastis
Le 17 mars
1915, au début de la Première Guerre mondiale, le gouvernement français
interdit la production et la consommation des liqueurs anisées extraites de
l'absinthe.
Ces liqueurs
avaient été mises au point en 1805 à Pontarlier (Jura) par le distillateur
Henri-Louis Pernod.
En 1830, lors
de la conquête de l'Algérie, on conseilla aux soldats français de rajouter à
leur eau de boisson quelques gouttes de liqueur d'absinthe afin de l'assainir et
d'apaiser leurs dérangements digestifs.
Les soldats y
prirent goût et, de retour en France, continuèrent à consommer cette boisson
aux vertus thérapeutiques.
Surnommée la
«sorcière verte», l'absinthe devint à la fin du XIXe siècle synonyme de la
dégradation de la condition ouvrière. Émile Zola la stigmatisa dans un roman
intitulé L'Assommoir (1877).
L'absinthe
inspira aussi les poètes et les artistes (Verlaine, Degas,
Toulouse-Lautrec,...).
Ses effets
s'avérèrent désastreux dans les tranchées de la Grande Guerre, d'où son
interdiction.
En 1920, sous
la pression des distillateurs, les alcools anisés furent à nouveau autorisés
en France. En 1932, un jeune Marseillais du nom de Paul Ricard commercialisa une
variante de l'anis de Pontarlier sous le nom de «pastis» (d'après un mot
provençal qui signifie mélange ou confusion).
Consommé
avec modération et noyé dans beaucoup d'eau fraîche, le pastis a acquis ses
quartiers de noblesse grâce à l'écrivain Marcel Pagnol et contribue
aujourd'hui à la joie de vivre des Marseillais.