Les internautes en liberté surveillée

(ASP) - Accroissement de la sécurité dans les aéroports, dans les bureaux de poste, autour des centrales nucléaires... et maintenant, sur Internet. Dans la foulée de la loi antiterroriste américaine, qui a fait couler beaucoup d’encre sur Internet, plusieurs États sont en effet en train d’adopter leurs propres lois et dans chaque cas, ils confirment les pires craintes des internautes.

En fait, il y a plus de six ans, soit depuis qu’Internet est devenu un outil grand public, que ses promoteurs lancent des cris d’alarmes à l’idée que les gouvernements décident d'y intervenir. Internet, espace de liberté, l’information veut être libre, confidentialité des communications, etc.: toutes les vertus ont été attribuées au réseau électronique, et les alertes lancées contre les Méchants qui, prétendait-on, voulaient altérer ces libertés, ont généralement constitué des alertes exagérées, les gouvernement n’ayant aucune intention de contrôler l’incontrôlable.

Jusqu’au 11 septembre. En France, des amendements apportés à la "Loi sur sécurité quotidienne" ont été entérinées par l’Assemblée nationale le 31 octobre, permettant aux fournisseurs d’accès à Internet de conserver la trace des connexions de leurs clients jusqu’à un an. En Allemagne, rapporte Libération, des "boîtes noires" seront posées chez ces mêmes fournisseurs, afin de faciliter le suivi à la trace des usagers, si la police en fait la demande. Depuis des mois, la perspective de ces boîtes noires avait provoqué un débat houleux là-bas: après les événements du 11 septembre, le gouvernement a passé outre aux débats. Enfin, aux États-Unis, le FBI pourra désormais lire les courriels d’un internaute et suivre à la trace ses pérégrinations sur le Web —sans même demander l’autorisation à un juge.

Toutes ces mesures ne sont pas venues seules: elles s’inscrivent à l’intérieur de lois plus vastes destinées à faciliter le travail de la police dans sa lutte anti-terroriste. Elles sont présentées comme temporaires dans certains pays comme les Etats-Unis, mais ailleurs comme au Canada, où le projet de loi est à l’étude au Parlement, les autorités ne voient même pas l’intérêt d’imposer une limite de temps à ces nouvelles mesures. Quand l’actuelle crise sera passée, le réveil sera peut-être brutal..