Récit : mort piteuse d'un général

 

Le 30 septembre 1891, le général Georges Boulanger se suicide sur la tombe de sa maîtresse, près de Bruxelles.

Cinq ans plus tôt, en 1886,  Georges Clemenceau a fait de cet officier à la belle prestance un ministre de la Guerre.

Par des mesures peu coûteuses et d'un bel effet comme de peindre les guérites en tricolore, Boulanger ravive les espérances des ennemis de la République, des citoyens déçus par le régime des partis et de tous ceux qui rêvent d'une revanche militaire sur l'Allemagne.

Mais les qualités morales et le sens politique de Boulanger ne sont pas à la hauteur de sa popularité comme il ne tarde pas à le démontrer.

Le chancelier Bismarck ayant fait arrêter un commissaire de police à la frontière, le ministre en appelle à une mobilisation partielle.

Le président de la République Jules Grévy, inquiet de la tournure des événements, démet Boulanger de ses fonctions.

Le général n'en devient que plus populaire. On l'appelle «brave général» ou «général Revanche».

La crise économique contribue à sa popularité. Le scandale des décorations, par lequel le gendre de Jules Grévy aurait fait attribuer la Légion d'honneur à ses affidés, aggrave le discrédit des institutions républicaines.

Mis à la retraite des cadres de l'armée, Boulanger se fait élire dans plusieurs départements dont Paris en 1889, avec l'appui de la duchesse d'Uzès, héritière des champagnes de la Veuve Clicquot.

Le gouvernement fait courir le bruit de son arrestation imminente. Boulanger, prenant son courage à deux mains, s'enfuit à Bruxelles où il rejoint sa chère maîtresse, Marguerite de Bonnemains, malade de la phtisie.

À l'annonce de sa mort, Clemenceau dira de lui qu'«il est mort comme il a vécu, en sous-lieutenant».

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